vendredi 25 mars 2016

Les 138 Portes de la Sagesse 1- Rabbi Moché Haïm Luzzatto - Ramhal



Les 138 Portes de la Sagesse du Ramh'al - Porte 1

retranscription d'un cours audio du Rav MordékhaÏ Chriqui Chlita
Ce livre contient tous les principes dévoilés par le Ari Zal (Rabbi Isaac Louria) .
Il y a deux aspects dans ce livre :
1/ la vision de la prophétie, le ''Marhé Anévoua'' c'est-à-dire la métaphore
2/ le Paradigme qui est l'interprétation de la métaphore. 
D'après le Ramh'al, tout ce que le Ari Zal a dit n'est qu'une symbolique. Lorsque nous parlons d'un ''kav'' d'un trait ou d'un rayon qui entre dans le H'allal, dans l'espace primordial, en fait il n'y a ni rayon ni d'espace vide. Ce n'est qu'une image pour cela, il y a lieu de comprendre l'image comme pour l'exemple de la ''barbe sacrée'', ''Dikna Kadicha'', cela ne veut pas dire qu'il y a des poils de barbe ou des cheveux. Et pourtant le Zohar est rempli de ces métaphores ou de ces symboliques que sont les yeux, les oreilles les cheveux... dans ce livre nous allons voir d'une part le premier aspect de la Kabbala que l'on appelle la ''métaphore'', la symbolique et d'autre part l'interprétation de cette symbolique.
Dans une introduction qui s'appelle ''Dérekh Ets H'aÏm'', il est écrit ainsi:'' je te présente les 138 portes de la connaissance et si tu connais ces 138 portes, tu pourras aller dans n'importe quel livre de Kabbalah et comprendre exactement la portée de chaque enseignement''.
Il y a trois niveaux dans la Kabbalah:
Le premier niveau est de comprendre les Séphirot comme les principes-moteurs de la création. Et comme la création est le principe primordial, on explique alors D-ieu à travers cette création.
Le Ramh'al dit que celui qui n'a pas atteint le deuxième niveau qui est que tout ce qui a été créé est pour le bien, D-ieu voulant révéler le bien et la création étant le moyen pour révéler ce bien.
Le troisième niveau est de révéler que tout ce qu'il a créé est pour son unité: ''tout ce qu'il a créé est pour son honneur'' c'est-à-dire révéler son unité.
Pour le Ramh'al, celui qui n'a pas compris le deuxième niveau, il n'a pas compris la Kabbalah. Car définir les Séphirot uniquement comme des moteurs et des forces de la création est très simpliste. La Kabbala n'est pas qu'une théorie de la création. Tout doit être dirigé vers une conduite qui amène à la révélation de l'unité divine. Nous verrons que dans chaque définition, le Ramh'al nous ramènera à la conduite divine. En fait c'est la définition même de la volonté divine. Il donne la possibilité à l'imparfait, à la lacune de se réaliser. D-ieu par la création ne veut révéler que sa volonté et tout le reste n'est qu'une expression de sa volonté. Pour cela, le Ramh'al ne commence pas par l'explication de la création mais par l'explication de sa volonté. Car en comprenant sa volonté, nous pourrons comprendre la création comme une expression de sa volonté.
Il y a la volonté et les volontés.
Il faut distinguer entre la volonté et celui émet la volonté. La volonté est ce qui s'exprime mais il faut distinguer celui qui est le créateur de la volonté. Ici, nous n'allons parler que de la volonté qui est sans fin et sans but et d'après le Ramh'al, il est autorisé d'en parler mais cependant avec une limite jusqu'où nous pouvons nous plonger. Dans la porte quinze, le Ramh'al va dévoiler quelle est la limite de cette volonté.
De quoi parle-t-on dans cet infini? Car s'il n'y a pas de fini, il ne peut y avoir de définition. Il y a cependant une idée du sans-fin que D-ieu veut révéler. Mais puisque nous ne parlons pas de son essence même, nous avons le droit de parler de sa volonté sans fin et sans but et aussi de sa volonté avec but qui est le dévoilement de son unité.
Il y a deux définitions dans l'unité. L'unité dans l'existence et l'unité dans la domination. Deux sortes de connaissance dans l'unité, D-ieu étant le seul qui existe et étant le seul qui domine. La véritable croyance est la croyance dans sa domination mais l'unité dans son existence, le Rambam l'explique ainsi: il y a une existence qui fait exister toutes les existences. Nous pourrions dire qu'après qu'il ait créé les existants, il se peut qu'il y ai plusieurs existences. Le soleil est bien une existence, l'homme a une existence, l'eau a une existence! Mais en fait, la différence est que D-ieu a une existence qui est nécessaire aux autres existences et lui ne dépend d'aucune autre existence. Donc si aux autres existences, elles leur sont enlevées la cause ou une condition et bien elles disparaissent. Mais D-ieu puisqu'il ne dépend de rien, ne peut disparaître. Il est unique dans l'existence. Lorsque l'on dit qu'il est un, cela veut dire que lui est et les autres ne sont que des extensions de son existence qui n'ont rien à voir avec lui. Un homme peut être ici ou pas mais lui ne peut pas ne pas être ici. Tout être créé n’est pas nécessaire. Seul D-ieu est nécessaire.
Le Ramh'al dit que cette croyance n'est pas le principe de la croyance mais le principe de la croyance est qu'il est le seul dans la domination. Dans les quatre premières portes, le Ramh'al va nous expliquer l'unité dans la domination et non pas l'unité dans l'existence.
Il est le seul qui domine. Qu'est-ce que cela veut dire? Un homme a une volonté et il peut la mettre en pratique ou non. Que veut dire exactement ''dominer''?
Pourquoi doit-on comprendre l'unité dans la domination?
À priori, cette unité découle de la première unité de son existence car puisque D-ieu fait tout exister donc seule sa volonté existe et domine réellement!
Malgré cela, cette connaissance est une une connaissance séparée et indépendante. C'est une connaissance dans la foi particulière. Car les incroyants peuvent dire qu'au début D-ieu est seul et par sa seule volonté il a créé des créatures mais puisqu'il les a créés avec le libre-arbitre donc pouvant décider et créer des volontés propres et indépendantes, il leur a été donné la possibilité d'empêcher sa volonté de se réaliser. Cela est faux de dire qu'il veut se laisser faire et que cela serait sa volonté, que c'est sa volonté que d'autres volontés puissent aller contre sa propre volonté puisqu'il est le seul qui décide. Mais cela est impossible car il ne peut y avoir deux volontés qui s'opposent.
Dans la deuxième porte, le Ramh'al va expliquer cette théorie qui dit qu'une autre volonté ne peut être en contradiction avec la première même si à priori, c'est aussi sa volonté de laisser une autre volonté se réaliser. Mais cette théorie que le Ramh'al réfute, est vraie d'un côté car elle amène au mérite et à la punition, aux épreuves. Le roi laissant son fils devant la porte d'une prostituée ayant la possibilité de faire la faute et devenant ainsi un animal ou bien il a la possibilité de s'en écarter et il devient alors un juste. Ce n'est donc pas faux mais ce n'est pas encore complètement juste car c'est la vision de l'arbre de la connaissance. Il y a une autre perception de la vérité qui est la vision de l'arbre de vie. Dans la conduite de ''Z-A'', c'est tout à fait juste mais dans la conduite de ''arikh Anpin'' et de ''Atik'', ce n'est pas juste. Nous ne voulons pas expliquer la volonté finale dans les limites du Tsimtsoum mais nous voulons expliquer ici, la volonté parfaite. Lorsque le Ramh'al parle de l'unité de la domination, il parle au niveau du Kéter, de l'unité parfaite et totale dans sa volonté. Et même si nous nous trouvons après confrontés face à d’autres possibilités dans la conduite, il faut savoir dans quel mode on se trouve.
Le Ramh'al veut expliquer le premier axiome où il n'y a aucune autre volonté que la sienne. Il a créé la possibilité que les hommes peuvent devenir des mécréants et il a aussi créé la Sitra Ah'ara. Et donc à priori l'homme a détérioré sa nature et la volonté de D-ieu ne s'exprime pas. Il veut le temple et il n'est plus, il veut les sacrifices et ils ne sont plus, il veut la terre d'Israël et elle n'est plus!
Tout ceci à priori à cause de nos fautes et donc on l'a affecté! Cela veut-il dire qu'il a changé d'avis? C'est une pensée qui existe mais qui est trop simpliste. Il faut reconnaître que c'est une lecture de la Torah mais celui qui n'a pas la véritable connaissance va s'arrêter à cette volonté intermédiaire comme la nomme le Ramh'al dans ''Adir Bamarom''. C'est-à-dire que nous voyons la moitié du chemin mais D-ieu ne se situe pas au milieu, il est à la fin. Et en vérité celui qui perçoit la conduite de l'unité, voit maintenant aussi la fin comme Rabbi Akiba qui voit la finalité de la destruction du Beth Hamikdach, c'est-à-dire sa reconstruction au moment même où le renard foule de ses pattes, l'endroit détruit du saint des saints et rabbi Akiba se mettant à rire de joie. Pour cela, non seulement il faut avoir une connaissance parfaite de son unité dans l'existence mais aussi une connaissance de son unité dans sa volonté. Et que même ce qui à priori est contraire à sa volonté est en fait sa volonté et son unique volonté que nous percevons comme étant contre sa volonté.
Mais en fait, D-ieu est le metteur en scène de tout ce livre qu'est la création. Il est impossible qu'une volonté puisse annuler sa volonté suprême d'aucune manière. Quelque soit la situation, rien ne peut annuler et aller contre sa volonté. Et tout le temps que nous ressentons que ce qui se passe est ''à priori'' contraire à sa volonté est en fait la conséquence d'un projet très profond qu'il nous est impossible de percevoir si nous nous appuyons uniquement sur le moment présent. Notre volonté personnelle n'étant qu'un vêtement de la volonté divine suprême.
Car en fait qui anime notre soi-disant ''propre-volonté'' si ce n'est la volonté divine qui fait avancer les choses pour amener la création à la réparation universelle.
En vérité, D-ieu n'annule pas le libre-arbitre car il y a une volonté qui permet effectivement au libre-arbitre de s'exprimer qui se trouve au niveau de Z-A, lorsque se produit la ''Nessira'' la séparation. Le Ramh'al met cette notion de ''libre-arbitre'' dans Z-A au niveau de la Nessira. C'est le principe de Rosh Hachana. Mais il y a réellement un libre-arbitre mais qui est très trompeur et qui peut amener l'homme au déni de D-ieu. Mais
D-ieu va ramener l'homme à sa volonté de deux manières soit par la punition ou soit par la Téchuva, par le repentir. Le Ramh'al rajoute aussi par la pureté, la Tsidkout. En vérité, toutes ces manières ne sont que pour faire annuler à l'homme son libre-arbitre de sa propre volonté, soit par les coups soit par une prise de conscience soit par la pureté de ses actions qui de ce fait, annulent automatiquement cette impression d'autonomie. Le Ramh'al dit dans '' la voie des justes'' que les souffrances ne viennent que par le manque de conscience et que si un homme prend conscience du but de son travail et de son comportement, il ne sera pas éprouvé par son corps car celui-ci sera dominé par sa conscience. Les souffrances ne viennent que pour prendre conscience de la vanité du corps. C'est cela le libre-arbitre, le pouvoir de revenir vers lui, la manière comment revenir vers lui. Mettre ou non sa conscience au devant du corps. Mais en fin de compte tout doit revenir à la réparation finale. Nous pourrions dire aussi qu'à la fin c'est sa volonté mais au milieu, il y a des modes différents. C'est cela les partsoufim, les visages. Au milieu apparemment, il y a des modes différents.
Comme nous devons croire à l'unité de son existence, nous devons croire aussi à l'unité de sa volonté qui domine et qui ne dépend de personne. De la même manière que de son unité existentielle, procèdent toutes les autres existences, ainsi de sa volonté unifié, procèdent toutes les autres volontés. De la même manière que sans son existence, il est impossible d'être, ainsi sans sa volonté, il est impossible qu'il y ai une autre volonté. Sans lui, il n'y a pas de volonté propre. Toutes les autres volontés ne sont que des conséquences de cette volonté divine qui procède d'un plan profond. Il ne faut pas croire qu'à partir du moment qu'il a voulu des volontés, qu'il lui a légué le Rouah' et qu'il a donné à l'homme un pouvoir, cela le distingue complètement de lui. Cela est impossible à penser car il est le seul qui domine.

Que signifie ''domination''? Cela veut dire une domination totale et absolue que rien ne peut empêcher. En vérité, un homme a une volonté mais il y a beaucoup de choses qui peuvent l'empêcher de la réaliser. Donc s'il y a une possibilité d'être empêchée, bien que cela soit une volonté, cela n'est pas une volonté absolue. Chez D-ieu, rien ne peut l'empêcher. Et même si apparemment, ce sont des volontés contraires à sa volonté, elles ne sont pas du même genre de volonté. En fait ces volontés sont des désirs humains qui ne sont pas égales à sa volonté. Du fait qu'elles procèdent de sa volonté, nous les appelons des volontés mais en vérité lorsque nous parlons de volontés humaines, ce n'est qu'un langage emprunté. Ces volontés n'ont rien avoir avec ce qu'est la véritable volonté mais elles lui ressemblent de manière superficielle.
Il est vrai qu'il y a une certaine domination de l'homme mais ce n'est pas cela réellement la domination. Il faut comprendre notre croyance non seulement dans son existence mais aussi dans sa domination car les scientifiques eux-mêmes sont arrivés à une connaissance de l'existence de l'unité divine. Mais cela ne suffit pas pour servir D-ieu. Ce n'est que par la proximité dans sa conduite, que nous pouvons le servir, que par rapport à ce qu'il se passe dans l'histoire, donc dans sa gouvernance. L'unité dans sa domination est le véritable infini, elle est dans son existence qui est insaisissable.
Puisque deux dominations ne peuvent exister, donc elles existent mais sans commander car ainsi, cela ne contredit pas le pouvoir de l'existant premier.

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Dans l'existence première, il est acceptable de trouver un créateur et des créatures tout en ne contredisant pas son unité. Mais dans l'unité de la domination, il est impossible de dire cela car si nous disons qu'il y a une volonté complète et totale à par sa volonté suprême, et même si nous disons que ces volontés ne sont pas nécessaires et que la première oui et qui se déduisent de la première volonté, cela contredirait la volonté primordiale et suprême car nous ne pouvons concevoir deux dominations en même temps, car l'une remettrait en cause l'autre. Alors que dans l'unité de l'existence, l'une ne remet pas en cause l'autre à partir du moment que nous acceptons qu'elle est la première et que les autres ne sont que des conséquences de son existence.
Mais dans la domination de l'unité, l'une remet en cause l'autre. Nous pouvons comprendre qu'une existence limitée puisse être englobée dans une existence sans limite. Mais au niveau des volontés on ne peut ainsi accepter qu'une autre volonté puisse exister en dehors de la volonté suprême même si elle en découle. Donc lorsque l'on dit que seule sa volonté domine, on ne peut croire qu''il y ait une autre volonté dominante. Croire en D-ieu sous-entend croire en son existence primordiale et surtout en sa domination suprême dans sa conduite dans le monde. Et c'est ce que D-ieu veut révéler dans l'histoire du monde: montrer un unique dominateur et dirigeant.
À partir du moment que l'on accepte l'idée de l'unique, cette idée ne s'exprime qu'à travers la domination, à savoir que si dans le monde, il y a quelqu'un d'autre qui domine et même pour un court moment comme Aman ou bien Hitler, il faut comprendre que ce n'est pas une domination totale. Et il faut tout ramener à la cause première que tout vient de lui. Il y a deux manières de voir les événements: soit à fortiori soit à priori. Ceux qui ne connaissent pas la Torah de l'unité, ils disent que tous les événements sont à fortiori et que tout ce que fait D-ieu est pour le bien. Plus tard, ce mal arrivera au bien. Mais au départ, le mal existe. Mais cela n'est pas ainsi car en vérité ce mal renie la souveraineté de sa volonté si nous disons qu'il l'a lui-même permis. La volonté des hommes ne peut en autant cas empêcher la volonté divine. Et donc si nous disons que seule sa volonté est réelle et que rien ne peut l'empêcher, donc à chaque instant, c'est sa volonté qui domine et donc son action est à priori. Et même dans l'instant du temps présent, le mal n'a jamais été à l'encontre de sa volonté.
Ici, on n'explique pas l'enveloppe de ces moteurs qui vont engendrer toutes les vicissitudes du monde mais on explique l'âme de ce moteur, l'infini, l'âme de toute la direction.
Toutes les créatures, tous les mondes, toutes les conduites, toutes les différentes directions, tous les événements ne sont qu'une expression de cette unité. Le seul problème est que l'on parle d'un pluralisme, d'une dimension infinie d'attributs de D-ieu mais ils ne vont qu'exprimer qu'une seule expression unique: le règne de
D-ieu. Et tout ce qui a été créé n'est que pour la révélation de son règne. Il n'y a pas de création pour la création elle-même mais pour le but de faire régner D-ieu sur elle. Le Ramh'al explique que tout ce que le Ari Zal a expliqué est l'union dans les six mille ans de la création, rien que les partsoufim du milieu et le Ramh'al va expliquer l'union avant et après les six mille ans. Comment s'unit le début à la fin. Comment la fin est le début et le début la fin.


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