mardi 9 juin 2015

Les niveaux de l'Ame dans la tradition juive


La structure de l’âme humaine: 2ème partie (1/2)

Cours du Rav Mordékhay Chriqui


Retranscrit et adapté par le Rav Michael Smadja

 Nous allons parler de la structure de l’âme humaine en comparaison avec la structure de l’univers.

Nous avons déjà parlé dans le premier cours des sept sphères ספירות (Sephirot) inférieures ou des sept principes inférieurs qui composent cette structure que l’on appelle la structure révélée de l’âme humaine. Les kabbalistes traitent les sphères sous toute forme et en principe elles sont comprises comme les principes, les forces, les émanations par lesquelles l’éternel va créer le monde mais aussi diriger, va conduire le monde. Lorsque nous parlons du monde cela fait référence à l’univers mais aussi au microcosme qu’est l’homme qui est un petit monde qui renferme ce qu’il y a dans l’univers. Ce sont les principes de la création, de la direction divine mais ce sont aussi les principes du comportement humain, les principes qui permettent à l’homme aussi de conduire sa vie, de percevoir ce qu’il y a autour de lui. Le Gaon [de Vilna] explique l’expression du verset de la création de l’homme : « בצלמינו » « à notre image », il s’agit de l’image de la création, du récit de la création, les principes par lesquels D-ieu crée le monde sont investis dans l’âme humaine. Ce qu’il y a dans la création se trouve synthétisé dans cette âme humaine. C’est cela en fait l’image de D-ieu, la volonté de la création. Il s’agit bel et bien d’une conception de toute la création, du plan de la création qui permet à l’homme de percevoir à son tour cette création, de se rapprocher de cette création, de se rattacher à la création, d’analyser cette création, de réparer aussi plus tard cette création et de participer donc à l’évolution de cette création.

L’âme humaine est subdivisée en deux grandes parties: la première partie à l’intérieur du corps et qui fait partie du corps, il s’agit donc de l’âme nutritive, de l’âme cognitive et de l’âme sainte « נפש-רוח-נשמה », que l’on peut appeler « âme intérieure » et il y a une âme à l’extérieur de l’homme que l’on appelle l’intellect séparé « השכל הנבדל », ou l’âme séparée ou bien « intellect agent ».

Les trois parties de l’âme qui sont à l’intérieur de l’homme font partie de l’homme et cette partie de l’âme qui est séparée fait partie d’une âme qui permet de percevoir au-delà des sensLa perception des sens est liée à cette âme intérieure.
Cette âme intérieure est structurée selon les sept principes inférieurs de parmi les 10 émanations avec lesquels D-ieu a créé le monde. Car ces 10 principes se subdivisent en sept et trois. Les sept principes inférieurs correspondent aux sphères, ספירות, en rapport avec cette âme intérieure par lesquels, avec lesquels elle se comporte et les trois principes supérieurs sont au-dessus de l’entendement, au-dessus de la perception des sens, est ce qu’on appelle « l’âme divine » ou « l’intellect séparée ».
Comment cette âme intérieure se subdivise-t-elle ? Comment est-elle structurée? Les dix sphères, les dix principes qui font donc toute l’existence, toute la réalité que nous percevons sont composées de sept principes inférieurs et trois supérieurs. Les sept inférieurs sont représentés par les sept jours de la création car il y a une révélation au niveau des sept jours ou des sept planètes…cette notion de sept, on la retrouve aussi dans la réalité de tous les jours. L’âme que l’homme utilise dans son comportement est seulement en adéquation avec les sept principes inférieurs qui sont« חסד- גבורה- תפארת- נצח- הוד- יסוד- מלכות » « bonté-rigueur-beauté-éternité-gloire-fondement-royauté ». Les trois supérieurs que l’on appelle « ח-ב-ד », « חכמה- בינה- דעת » et aussi le « כתר » la « couronne » qui sont reliés bien sûr à ces sept principes ont leur place en dehors du corps. Ces trois sphères s’inscrivent aussi au niveau du cerveau: l’hémisphère droit, l’hémisphère gauche et le cervelet pour exprimer « חכמה- בינה- דעת » « la connaissance, le discernement et la sagesse ou bien l’expérimental », bien sûr qu’ils sont reliés aux sept sphères inférieures mais leur place ou leur niveau est au-dessus du corps et ne rentrent pas à priori dans le corps et qui peuvent correspondre à ce que le Ari Zal définit comme « חייה » [Haya] et « יחידה » [Yéhida] qui sont de l’ordre de la vie éternelle ou l’âme éternelle ou l’âme divine.


Nous allons expliquer tout d’abord les sept principes inférieurs que tout homme peut expérimenter, voir et concevoir.
Le premier principe est appelé selon les Mékoubalim » (kabbalistes) « חסד – la bonté« . En vérité, que signifie la bonté? C’est un désir, désir de donner, un désir d’offrir, d’octroyer quelque chose que l’on possède. Mais nous allons voir que le premier homme dans son évolution, son premier acte n’a pas été un acte de bonté mais plutôt un désir de prendre. Le verset dit: « le fruit était un désir pour les yeux » « תאוה לעניים », cela est un acte de désir ou plutôt d’envie, c’est le principe de l’envie. Celui qui définit réellement le « חסד » c’est le patriarche Avraham, il donne il construit une tente en plein désert pour permettre à tous ceux qui le désirent, de rentrer chez lui. Tous les patriarches expriment un principe comme il est dit: « ils sont le char céleste », ils sont eux-mêmes les principes du chariot divin. Ils expriment le divin dans ce monde et donc Avraham exprime la bonté. Dans chaque principe, il y a un double aspect, il y a un aspect dans la lumière et un autre dans l’écorce, dans la קליפה ». Il y a dans chaque principe l’aspect noble du principe et l’aspect ténébreux qui est son écorce. Dans le désir, effectivement, il y a un désir de donner mais il y aussi un désir de prendre. Le désir de prendre, d’arracher, c’est le principe de l’envie qui correspond donc à l’écorce de la « bonté ». Chez Avraham Avinou, nous voyons qu’il a un enfant qui s’appelle Yishmaël et qui correspond le plus à son père. Itzhak est un autre principe, c’est le principe de la  » גבורה » de la rigueur. Par contre Yishmaël correspond plus au principe du « חסד » mais on voit que c’est un חסד qui est intéressé. Ce n’est pas un acte pur, לשמה, à savoir qu’il donne pour recevoir, (le fait de donner procure un plaisir sensitif) là aussi nous restons dans l’écorce du principe.

Ce qui a été créé le premier jour par D-ieu est le אור, la lumière. L’homme est corrompu par la perception des sens et donc il convertit cette lumière. Pour cela, la première action du premier homme n’est pas de propager comme D-ieu, cet épanchement de la lumière qui est cette lumière cachée, אור הגנוז, la lumière éternelle, mais plutôt d’arracher, de porter vers lui ce qui existe, ce qui est à l’extérieur de lui afin de le ramener vers lui. Ce que l’on appelle תאוה לעניים, ce plaisir ou cette envie pour les yeux, cette convoitise. Le Ramban explique que les deux premiers millénaires, le monde se comporte comme les animaux. Ils sont appelés « תוהו » c’est le désordre car chacun veut prendre, s’abreuver de cet envie et tout le monde vit de cet instinct jusqu’à la sortie d’Egypte. Dans cette lumière que D-ieu diffuse, il y a cette bonté et surtout ce principe du désir que l’on voit aussi chez le bébé. Le premier acte du bébé est de téter le lait qui est blanc. Dans la Kabbala, c’est le symbole du חסד, cela correspond exactement à la bonté. La couleur blanche correspond à la bonté mais aussi à l’envie, au désir. Le blanc a une capacité de recevoir comme l’iris de l’œil qui est entouré de blanc et qui attire. Le אור la lumière de la création est liée à la vision mais c’est un autre concept de la lumière avec laquelle le premier homme voit du début jusqu’à la fin. Avec cette lumière qui est le principe même de la bonté, il perçoit tout et en même temps mais uniquement quand elle est perçue dans sa perfection car sinon elle est perçue dans ses différentes autres facettes, elle est perçue comme le lait, elle est perçue comme envie, comme désir.

Itshak cesse de téter et représente, définit déjà un autre degré qui est celui de la « גבורה« , de la rigueur. Que signifie la « גבורה »? Ce n’est ni justice ni rigueur tel qu’on l’entend. Car il faut interpréter les principes en vérité. Les définitions ne suffisent pas. Pour comprendre la rigueur, il faut rapporter plusieurs exemples. Le second jour de la création, D-ieu crée le ciel. C’est quoi le ciel? Le Midrash explique que le terme « שמים » « ciel » est composé de deux mots: « אש » « feu » et « מים » « eau », c’est l’union de deux choses antagonistes, l’eau et le feu mais c’est quand même une union, il faut une rigueur pour atteindre une union et surtout quand elle est l’union de deux choses antagonistes. Ce même jour a été créé le firmament, les eaux au début remplissent tout et D-ieu a fait un firmament pour séparer les eaux d’en-haut et les eaux d’en-bas. Il y a dans la rigueur la notion de séparation, la division, la dispute, la confrontation, la « מחלוקת », le « גהינם », l’enfer car dès qu’il y a deux personnes, il y a relation ou division. C’est le principe de la relation qui peut être bonne ou fallacieuse, union ou séparation mais c’est une relation.

Le firmament lui-même n’est pas là seulement pour séparer, il est là aussi pour unifier. Dans le Zohar, il est expliqué qu’il y a le צדיק, le juste qui relie aussi les eaux supérieures aux eaux inférieures, le ciel et la terre. Mais le firmament c’est aussi la division, la מחלוקת. Il y a un Midrash qui explique que lorsque korah’ et son assemblée se sont opposés à Moshé, ils ont apporté des encensoirs et à la fin, Moshé a fondu ceux-ci pour en faire des plaques de bronze pour recouvrir l’autel des offrandes et donc faire un acte d’unification. Korah’ a utilisé ce principe de la rigueur pour le mal, pour se séparer, pour diviser. Le mot  » מחלוקת » vient du mot « חלק » une part, diviser pour prendre une part. La relation fait que l’on peut donner sa part mais aussi prendre une part.


« Donner » c’est « s’unir » mais « donner » peut aussi vouloir dire « prendre » comme dans un mariage, l’homme donne la bague pour prendre la femme, c’est l’écorce de la rigueur. Dans la קליפה de la גבורה il y a cette notion d’attraper, d’arracher de l’autre et donc la notion de mort qui est aussi liée à la גבורה. La loi lorsqu’elle est appliquée à l’extrême, est la קליפה, l’écorce même, l’éloignement. On voit que Itshak est le symbole même de l’union parfaite. Il n’a qu’une seule femme par rapport aux autres patriarches. Il est écrit à son propos: « et il l’aima » alors que chez les autres patriarches, il n’est pas employé ce terme d’amour car il y avait une union parfaite entre lui et Rivka. Dans l’écorce de la rigueur, il y a la mort mais aussi il y a le rouge qui correspond à la couleur de la גבורה car le sang est une matérialisation de la גבורהIl y a une multitude de concepts et d’éléments dans le comportement humain liés à la גבורה. La seconde action chez l’enfant après avoir tété le lait qui correspond au חסד, est la relation avec sa mère et le début de la parole, il s’agit d’une relation qui commence. Après l’envie, il y a la relation. Tout ce que nous disons n’est que des modalités, la sphère est au-dessus de tout ce que nous pouvons dire. Et donc on peut l’appréhender dans le premier homme, qui après avoir matérialisé l’envie, חסד, s’est uni à sa femme, גבורה. IL y a une union pour l’homme après la faute, après la קליפה du חסד. La faute est liée à l’envie qui est la première étape. La seconde étape est l’union du premier homme avec sa femme.

Troisième principe: תפארת, la beauté, la symétrie car qui dit beauté dit symétrie entre la droite et la gauche et תפארת serait l’axe central. Il n’existe pas mais en fait c’est une synthèse des deux premiers principes. Si je dessine deux oreilles sur un même plan et sur un même axe sans aucune différence, une symétrie apparaît, c’est la beauté. Des deux yeux qui sont dans un axe symétrique, émanent une beauté, le nez effectivement c’est la beauté car il est dans cet axe central et qui correspond à ce troisième œil à ce תפארת par rapport au visage. Dans le corps humain, cela correspond au plexus entre les poitrines. Si les Kabbalistes mettent le חסד dans le bras droit et la גבורה dans le bras gauche, alors תפארת c’est le corps qui est la beauté. Car les bras ne sont pas la beauté. C’est le corps qui fait la synthèse de la droite et de la gauche qui dégage la beauté. Cela est une définition sèche et technique.


Si Avraham correspond au חסד, Isthak correspondant à la גבורה, Yaacov lui correspond à תפארת. Que signifie תפארת? De quelle beauté s’agit-il ici? En fait c’est une synthèse entre ni beauté ni rigueur. On voit que Yaacov continue la voie d’Avraham. Il se trouve que le jour où Yaacov a acheté le droit d’aînesse à Essav, c’était le jour de la mort d’Avraham, avec ce plat de lentilles pour dire qu’il se rattache à ce concept, à ce principe d’Avraham et aussi pour dire qu’il y a un acte de rigueur et d’attachement en même temps, rigueur et relation. En fait Yaacov pour simplifier, est le père. Si la גבורה correspond à la mère, Yaacov c’est le père, « הבחיר שבאבות ». Il est appelé « le principe même » ou « le choix » ou « l’élu » des pères car il dirige la famille: « בית יעקב » « la maison de Yaacov ». Il est la figure du père. Que connaissons nous de la relation de Itshak en tant que père avec ses enfants? Uniquement l’événement sur les bénédictions alors que Yaacov lutte avec ses enfants, il leur reproche leur comportement et les enfants lui reprochent aussi son comportement. Il reproche à ses enfants de faire la zizanie et eux de préférer l’un par rapport aux autres. Nos maîtres disent qu’un homme ne doit pas préférer un enfant plus que d’autres à cause de ce qu’il s’est passé avec Yossef. Donc ce rôle de père avec ses enfants, d’autorité en tant que אדון, maître, s’exprime chez Yaacov et cela correspond dans la création à la terre au moment où les eaux se sont réunies. La terre lorsqu’elle révèle sa nature, révèle cette beauté, une maîtrise extraordinaire dans sa complexité. Elle correspond au תפארת, à la beauté, au pouvoir d’autorité.
Pour atteindre ce degré de relation, il faut passer d’abord par « חסד », désir ou envie qui est sa קליפה (Kélipa – écorce), et la relation. Alors le degré supérieur qui est celui de l’autorité donc la distinction, se matérialise. On voit que Yaacov a cette qualité de distinction que l’on ne trouve pas chez Ysthak et même chez Avraham (qui ne savaient pas faire la différence entre leurs deux fils). Yaacov qui est תפארת, se distingue, cette autorité le distingue (Il fait la distinction entre Yossef et ses autres fils). Yaacov donc correspond à la terre, à l’ordre et au principe de la אדנות, la royauté, la מלכות, la תפארת étant « אדון על כל הארץ », « maître sur toute la terre ».

Le quatrième principe est « נצח« , « triomphe » ou « victoire » et correspond à Moshé notre maître. Le Ramhal met « הבנים », les « enfants » dans le « נצח ». C’est-à-dire le fruit, la construction. Pour quelle raison la construction est liée au « נצח » pour le Ramhal? Nos maîtres disent que l’enfant est la jambe ou la progéniture et la continuité de son père, c’est le principe qui continue, il ne s’arrête pas et cela nous rappelle l’essence même du concept de  » נצח » qui veut dire la victoire mais aussi l’éternité, continuer quelque chose c’est ne pas s’arrêter. Grâce aux enfants, à la progéniture, l’homme a une continuité. Dans la terre, l’arbre étant « תפארת » et les fruits « נצח » et ce qui permet la victoire, le « נצח » est symbolisé par beaucoup de choses tels que les enfants, les fruits, la guerre l’épée…mais dans le comportement humain on peut le définir comme principe de construction. Chez le premier homme, c’est Caïn et Abel qu’il va donner au monde. Le « נצח » au niveau du peuple d’Israël, d’après le Ramban est la construction des deux temples, construction de l’édifice d’Israël, le pôle de toute la création. Mais ce נצח ne continue pas, il est interrompu par l’exil. Le Ramban fait correspondre l’exil avec le « הוד » car ce sont les mêmes lettre que le mot « דוה » qui veut dire « exiler » c’est la femme en état d’impureté qui se retranche, s »éloigne. L’assemblée d’Israël est éloignée. Ce principe dans l’âme humaine est une étape. L’homme à un moment dans sa vie doit avoir cette retraitese séparer après avoir construit pour pouvoir atteindre le principe du « יסוד » la souveraineté, le principe de fondement. Et pour cela, il faut passer par une étape qui s’appelle l' »exil ».


Le Ramac [Rabbi Moshé Cordovéro] dans son livre intitulé « la jambe (gauche) de Yaacov » explique que lorsque Yaacov traverse le fleuve appelé « יבוק », » Yabok », il se confronte à un esprit, un ange. Il reçoit un coup sur la hanche gauche car c’est la gauche qui exprime la détérioration. Ce pied gauche correspond à quoi? Le pied droit נצח correspond à la marche en avant, à la traversée, au fruit, ne pas stagner alors que  » תפארת » seul, c’est l’autorité pour l’autorité, le fascisme mais après l’autorité, il y a une construction, c’est le  » נצח » qui perpétue quelque chose alors que le « הוד » arrête cette construction. C’est ce qui s’est passé pour Yaaov avinou, dans sa marche, dans son évolution vers la terre d’Israël, il met ses femmes, ses enfants d’un côté et il traverse seul le fleuve de Yabok. C’est vrai que chez nos sages, ce fleuve de Yabok est lié à la mort, avec la « גבורה », la « relation » mais ici cela représente réellement la séparationl’exilMais הוד littéralement c’est la gloire! En fait c’est dans l’isolement et la séparation que se dévoile la gloire. Il se distingue ou plutôt il s’identifie. C’est la singularité, le principe même de la singularité. Dans sa dispute, l’ange lui dévoile que son essence, son nom n’est pas Yaacov qui veut dire « sur les traces de Essav, quelqu’un qui imite, allant tout le temps après Essav, après la modernité, après l’occident. À un moment donné, il se sépare de tout cela alors se dévoile sa vraie nature son vrai nom « Israël » c’est la tête et non les traces. « Yaacov » veut dire les « pieds », les « traces ». Israël c’est la « tête » de D-ieu dans ce monde. C’est aussi le grand prêtre qui rentre dans le saint des saints tout seul et qui doit se confronter à la mort ou plutôt se surpasser pour passer dans une autre vie, pour porter la véritable vie aux enfants d’Israël. Le grand prêtre est attaché par une chaîne. S’il a une pensée qui se distingue du sacré un seul instant, il meurt et puisque personne ne peut le récupérer dans le saint des saints, il est tiré par cette chaîne qui est attachée à son pied. Donc, il sait qu’il peut mourir, il marche sur une lame très très fine et pourtant c’est lui qui apporte la vie.


« הוד » c’est le renouvellement de la vie, c’est l’inauguration de la vie intérieureLa traversée du Yabok dit le Ramac est la plus belle traversée de l’homme dans ce monde. Par cette traversée, il se transforme, d’un homme soumis comme Yaacov à sa nature, à ses sens, par le principe « הוד » et cette traversée de Yabok, il se rattache à une nouvelle vie. C’est vrai que dans le Midrash, le fleuve Yabok représente des choses très lugubres car l’âme lorsqu’elle quitte le corps elle traverser Yabok, le Midrash expliquant que cette traversée de Yabok est la dernière traversée de l’homme dans ce monde. Mais il y a aussi cette idée qu’en restant dans ce monde, il y a une traversée ou plutôt un surpassement de la peur liée à la mort. C’est seulement le grand prêtre, le « הוד », celui qui est capable de s’unir avec D-ieu comme Ben Azaï qui est mort après être entré dans le jardin divin. Rabbi Akiva a dit sur lui que sa mort était précieuse aux yeux de D-ieu. Car la mort de Ben Azaï correspond en fait à la mort de son ego. Le Ramhal explique que seul celui qui est capable de traverser la mort comme Ben Azaï est capable de rencontrer le principe du juste c’est-à-dire le principe du « יסוד  » qui amène à cette âme qui est l’âme séparée ou l’âme divine ou l’intellect agent dont parle Maïmonide.

C’est par cet ascétisme du « הוד » de la part de l’homme que le Ram’hal rapporte dans « la voie des justes » où il décrit l’homme devant expérimenter au moins une demi-heure par jour le fait de se séparer de tout ce qui l’entoure là où il se trouve pour faire comme une sorte d’analyse que nos sages appellent « חשבון הנפש » non pas pour se séparer mais plutôt pour évoluer dans son נפש, dans son âme même. En fait cette analyse, cette traversée est une perception de la vie telle que l’essence de notre être la perçoit pour devenir comme le grand prêtre qui se trouve dans le saint des saints qui est pour l’homme l’âme divine que nous n’avons pas encore rencontrée. C’est ce voyage qui lui permet d’accéder à cette possibilité d’atteindre l’âme divine. Le Ramban pose une question: pourquoi le  » הוד » correspond à « דוה »? Nous comprenons maintenant que l’exil est une solitude par laquelle nous allons découvrir nos capacités. Toute la Torah orale, le Talmud Bavli, le Talmud Yérouchalmi, le Zohar…….n’a commencé que grâce à l’exil. Avant l’exil, nous sommes dans le temple, il y a les prophètes, ce qu’ils reçoivent, ils nous le donnent, personne n’ajoute et personne ne dit rien. Mais grâce à l’exil, on dévoile un autre cheminement, l’analyse personnelle, le dévoilement de soi, d’Israël. Cet aspect merveilleux de l’exil est grâce justement à cette traversée du Yabok. Alors que Yaacov le traverse pour monter en terre d’Israël, nous, nous le traversons pour aller de l’autre côté sans savoir où nous allons, nous ne réalisons pas encore ce passage qui est celui de la souveraineté.


La Torah ne se révèle que dans le désert. Pourquoi? Car dans le désert,  [Midbar] מדבר, on peut entendre le « מדבר » [Médaber] D-ieu qui parle mais il faut un désert « celui qui s’est fait lui-même comme un désert » celui qui s’est rendu comme un désert, alors peut entendre la voix divine qui est en lui. Être dans le désert s’explique par la qualité de l’humilité, un niveau où tout le monde peut te marcher dessus sans que tu ne dises rien. D’après notre explication, il faut atteindre ce vide pour entendre la voix et la voie intérieure. La voix avec un x c’est-à-dire que la voix ne peut être perçue que si l’on arrête et l’on occulte la première partie de notre construction qui est jusqu’au quatrième principe, c’est-à-dire jusqu’aux fruits car jusque là c’est l’évolution de l’être humain classique. Mais tout le monde s’arrête là et il y en a même qui s’arrêtent dès le troisième principe, dans l’autorité comme les directeurs de banque ou d’entreprise car bien qu’ils évoluent dans cet univers, que font-ils après? Et cela est peut-être la résultante de la crise de l’occident car après la construction, que fait-on? Soit on retombe dans la vie qui est l’opposée de « נצח » en rentrant dans l’écorce du « חסד » ou bien il y a un cheminement, une évolution. Yaacov a construit une grande famille jusqu’à ce que Lavan, son beau-père, signifiant le « blanc », le « חסד » affirme que les enfants de Yaacov sont ses propres enfants issus du  » חסד », de l’envie, donc retour à l’écorce du « חסד « . Mais après que faut-il faire? Il faut partir et si quelqu’un s’arrête c’est fini, il meurt. Ici effectivement le passage c’est la mort. C’est le « הוד » quand il n’est pas la gloire réellement. La véritable découverte de l’homme c’est lorsqu’il surpasse la mort car la vie continue même après les enfants, même après la retraite, ce qu’il y a après toute cette construction, c’est l’exil mais c’est un exil qui n’aboutit pas comme chez les ascètes de l’Inde à la séparation et au renoncement à ce monde.


Le juste est celui qui revient avec ses frères. Yossef est rentré dans cette dimension que l’on appelle l’exil, il est dans le puits mais après, il devient souverainLe principe de la souveraineté est là où l’homme ne demande plus rien et au contraire il devient le pourvoyeur. Yossef va devenir celui qui va nourrir le peuple d’Israël dans l’exil, celui qui donne la vie.

Le « יסוד » correspond à Yossef, au principe géniteur non pas la procréation puisque procréer c’est au niveau de « נצח », ici c’est le principe de « donner » mais pas seulement « donner pour donner » mais « donner » dans le sens éternel, dans une évolution vers l’éternité. Le « יסוד » devient comme disent les maîtres de la Kabbale un « צינור », le canal divin par lequel il canalise l’éternité, le divin dans ce monde. On l’appelle aussi le « צדיק« , le juste, c’est-à-dire c’est l’homme qui est souverain et qui offre qui donne et qui n’attend rien de personne. Il ne connaît que D-ieu. « רק אותך ידעתי » « uniquement toi, je reconnais ». « Tous mes moments sont avec toi ». Il est continuellement en éveil, en contact permanent avec le divin. C’est un canal qui ne se tarit jamais. C’est le « fleuve » le « נחל » qui ne sèche jamais, qui draine et qui épanche l’abondance qu’il reçoit, c’est Yossef, c’est le juste le « צדיק », le « יסוד » le catalyseur, le responsable de tout ce qui se passe chez les hommes comme il est dit « צדיק יסוד עולם »  » le juste étant le fondement du monde ».

Il y a le principe du משיח בן יוסף [le Messie fils de Yossef] et du משיח בן דוד [le Messie fils de David]. Le משיח בן יוסף [le Messie fils de Yossef] correspond au « יסוד » alors que le משיח בן דוד [le Messie fils de David] correspond au septième principe qui est la « מלכות », la « royauté ».


Les sept principes inférieurs sont connus dans la Kabbala comme les sept principes qui ont régné et qui se sont brisés, à savoir les sept forces que l’on appelle les sept principes antérieurs qui étaient au début de la création où il n’y avait rien, ces principes qui vont faire les lois de la création qui vont faire l’existence et qui se sont révoltés. Cette révolte, d’après le Ari zal était parce qu’ils n’étaient pas disposés correctement. Ils manquaient d’harmonie entre eux, il manquait le principe de l’harmonie. Par cela, s’est développée l’anarchie, chacun faisant ce qu’il veut et chacun tirant de son côté jusqu’à ce que cela se déchire. Nos maîtres dans le Zohar parlent longuement de la brisure des vases, la brisure des principes, ce « תוהו » ce « vide » cet « étonnement » dont la Torah parle au début de la création. C’est-à-dire que toutes les forces sont là au moment de la création mais rien n’est réalisable car le monde est plongé dans ce  » תוהו », cette anarchie. Il y a des principes mais ils ne sont pas ensemble. Ils sont séparés car il manque ce cercle qui la synthèse des six principes. D’après le Ari zal, c’est la  » בינה » « la compréhension » qu’il manquait. Ce n’est pas la  » מלכות » qui manquait. Lorsqu’il n’y a pas de royauté, il y a l’anarchie. C’est le règne du multiple que l’on retrouve dans la création du monde et qui s’appelle le « תוהו בוהו ».

Une des relations extraordinaire dans la Kabbala pratique, en tant que méditation, permet à l’homme d’atteindre cet équilibre d’abord au niveau des forces qui sont en jeu dans sa vie. La  » מלכות » qui correspond au roi David, réunit toutes les forces ou plutôt remet chaque force à sa place. Le Ari zal explique « מחלליה מות יומת », « celui qui profanera, mourra » au sujet de la profanation du Shabbat. C’est quoi cette mort, cette perdition? C’est en fait la déstructuration, la « désharmonie ». C’est-à-dire que si l’on prend les six principes sans le cercle, c’est le « חלל », il y a une cavité, un vide. Le mort c’est aussi le  » חלל », un cadavre vide de l’âme qui va permettre la découverte de l’homme. Pour être en adéquation au chariot afin de communiquer avec sa propre âme, avec son âme divine qui est l’âme supérieure, il faut atteindre cette harmonie qui correspond au septième jour, c’est le Shabbat. Celui qui ne respecte pas le Shabbat qui est le repos, l’harmonie, la synthèse: « celui qui se fatigue la veille de Shabbat, mangera le Shabbat » c’est la préparation des principes qui se relient ensemble pour arriver à la royauté qui est la synthèse, l’intégration du tout qui est le principe du repos, de la paix intérieure, de la sérénité, de l’harmonie.

Le roi David a utilisé ou plutôt a fonctionné selon deux pôles: 1/ la guerre 2/ la justice. Et c’est la royauté qui intègre ces deux pôles pour faire apparaître l’harmonie. Pour beaucoup de monde, cette harmonie ne sera pas atteinte dans ce monde, elle sera atteinte seulement à la « résurrection » des morts, après la véritable traversée du « Yabok » et après ce que l’on appelle la rencontre avec le D-ieu souverain. La  » מלכות » c’est la présence, c’est rentrer dans la présence, c’est intégrer toutes ces forces dans cette présence, devenir « un » au sein même de la présence. Être conscient de son rôle dans cette présence.

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Maître

de Sagesse

Auteur Un-connu

Si tu te contentes de boire l'eau de mon puits, demain tu mourras de soif, soit parce que j'ai fermé la porte, soit parce que je suis en voyage.

Si tu veux étancher ta soif, creuse ton terrain et tu trouveras la source car elle est en toi.

Creuse ton puits, ainsi tu auras toujours de l’eau partout où tu iras.

Le puits est en toi,

la source est en toi.

Cherche et tu trouveras le trésor qui t’enrichira.

N’oublie jamais que celui qui compte sur la richesse d’autrui est semblable à celui qui fait un beau rêve dans lequel il reçoit beaucoup d’argent, et qui constate au réveil que sa poche est vide. Le bien des autres est pour nous comme la fortune d’un rêve.

Cherche en toi et tu trouveras.


CRÉER DE LA LUMIÈRE À PARTIR DE RIEN

A sa manière, Raymond Devos avait eu l’intuition de la nature ambiguë du vide, en expliquant dans un sketch que « rien … ce n’est pas rien. La preuve c’est qu’on peut le soustraire. Exemple : Rien moins rien = moins que rien ! Si l’on peut trouver moins que rien c’est que rien vaut déjà quelque chose ! On peut acheter quelque chose avec rien ! En le multipliant. Une fois rien … c’est rien. Deux fois rien… c’est pas beaucoup ! Mais trois fois...


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LE POINT ZERO ET CHAMP AKASHIQUE

Le champs de Cohérence akashique Les mystiques et les sages nous informent depuis longtemps qu’il existe un champ cosmique reliant tout à tout au plus profond de la réalité, un champ qui conserve et transmet l’information, connu sous le nom de «champ akashique». De récentes découvertes en physique quantique indiquent: celui-ci est réel et il a son équivalent dans le champ du point zéro qui sous-tend l’espace comme


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LES CHAMPS DE TORSION PRODUIT PAR LA CONSCIENCE EST LA CLÉ DE LA « THÉORIE DU TOUT »

Les champs de torsion, la clé de la « Théorie du Tout » incluant la conscience On attribue généralement la première recherche concernant la découverte du « champ de torsion » appellée aussi « 5ème force ou élement », au russe le Pr Mychkine dans les années 1800. C’est un collègue d’Einstein, le Dr Eli Cartan qui a le premier appelé cette force champ de « torsion »

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LA LUMIÈRE D APRÈS L'ARBRE SÉPHIROTIQUE

D’après la tradition Kabbalistique, la lumière est née dans Ain Soph Aur (Lumière illimitée), qui lui-même est né dans Ain Soph (L’infini), qui lui-même est né dans Ain (Vide absolu). Cette lumière illimitée se manifeste comme une étincelle...


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LA MEDECINE LUMIERE -1

La Médecine Lumière Commençons par quelques définitions: Qu'est ce qu'est la médecine: La médecine de type occidentale est la science et la pratique étudiant l'organisation du corps humain (physique, qq fois psychologique), son fonctionnement normal, et cherchant à le restaurer la santé par le traitement,.


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LE LIVRE DE NOE OU LA MEDECINE INDIENNE

Originaire de l'Inde, la médecine Indienne, ou médecine orientale, est un système médical complet et cohérent, tout comme le sont la médecine occidentale ou la Médecine traditionnelle chinoise, par exemple. Il est considéré comme le plus ancien système médical de l'histoire humaine. La tradition indienne fait remonter ses débuts à 5 000 ans, même 10 000 ans. Toutefois, les écrits sur lesquels repose ce savoir médical..

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LA TRADITION PRIMORDIALE -2

Tradition Primordiale et Torah de Sion : Aux source de la Kabbale Originelle. Mission d’un Peuple Élu pour la réaliser Les premières questions que nous poserons dans cet exposé, sont les suivantes: Y a-t-il véritablement une Mission d’Israël parmi les Nations ? La réponse est catégoriquement: Oui! Et elle ait été préfigurée par le Patriarche Abraham, ancêtre du peuple d’Israël, et des Juifs, à qui Dieu promis la Terre d’Israël en Héritage...
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L ÂME HUMAINE, SELON LA PHYSIQUE QUANTIQUE

Boris Iskakov est né le 14 novembre 1934 à Magnitogorsk. En 1957, il a achevé ses études à l’Institut de techniques physiques de Moscou. Auteur de la théorie des réactions en chaîne dans l’économie, il a consacré une série d’ouvrages à l’application des méthodes mathématiques en agriculture. Docteur en économie, Boris Iskakov étudie depuis quelques années les méthodes statistiques et quantiques servant à modéliser les processus qui s’opèrent...
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LE CORPS RÉCEPTEUR DE VIBRATION ELECTROMAGNÉTIQUE

La médecine occidentale est une médecine symptomatique, qui s’intéresse plus aux conséquences qu’aux causes. L’approche réductionniste de la médecine occidentale Les médecins aujourd’hui sont éduqués pour répondre de façon chimique à une extraordinaire diversité de symptômes, dont la plupart procèdent de mécanismes ...




LE TEMPS QUANTIQUE DANS LA KABBALE 2

Lumière Sans Fin (Ohr Ein Sof) et Récipient Primordial : la Vraie Réalité La réalité du 1% Toute cette réalité où, souvent, vous avez l’ impression de marcher sur une route qui ne conduit vers nulle part, où vous faites l’expérience de l’exil intérieur, de la relativité de tout, du manque de points de référence absolus, la Kabbale l’appelle la réalité du 1%. C’est une réalité où justement existent le temps, l’espace, le mouvement, ce qui...

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LUNE DE SANG, LA FIN ET LE DÉBUT DE NOUVEAU TEMPS

Lune de sang Le livre de la Genèse dit que DIEU utilise le soleil, la lune et les étoiles pour des signes et les saisons. De tels exemples peuvent être trouvés dans la Bible, d ailleurs le calendriers juifs et basé à la fois sur le calendrier solaire et lunaire. Or il va apparaitre ces années des Eclipses 2014 et 2015, pendant les fêtes juives appelées les Tetrades, au cours desquelles, à chaque fois, il s’est passé un évènement...

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À la différence de l’espace, le temps est une dimension incontrôlable. Qu’on le veuille ou non, la flèche du temps semble dirigée invariablement vers le futur. « Nous ne nous baignons jamais deux fois dans le même fleuve », précisait Héraclite. Plus de deux millénaires se sont cependant écoulés depuis cette affirmation du philosophe grec. Aujourd’hui, à l’heure de la science atomique et de la conquête spatiale, notre regard sur le cosmos...